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REGARD
25 novembre 2021

NOEL AUTREFOIS

 

Photo 095

Noêl autrefois...

Il régnait ce jour là, un air de fête dans la maisonnée....

 mon père s'activait pour 

 terminer les vêtements( il était tailleur sur mesure) commandés pour Noêl par ses clients....un habit neuf, c'était l' occasion pour étrenner l'an nouveau.

Les privations dont tout le monde avait souffert ces dernières années d'aprés guerre, donnaient une forte envie de renaitre, une sorte d'appétit furieux de la vie, on riait, on s'amusait avec peu...

c'était l'embellie, le soleil aprés l'orage.

Ma mère s'éparpillait à faire mille choses et n'en faisait aucune et chose inhabituelle ses bras balayaient l'air comme les ailes d'un moulin.

-IL faut faire la lettre au Père Noêl! disait  elle aux enfants

Le Père Noêl......, ce bonhomme à barbe blanche, au manteau cerise, coutume importée du nouveau monde aprés la deuxième guerre mondiale et devenu une idole nationale.

Alors,mon père  déblayait un coin de table pour ma soeur et moi ...., assises sagement , le porte plume au bout des doigts, nous traçions avec application, à l'encre bleue , les mots magiques, en prenant garde de ne pas dépasser la ligne, à ne pas faire des patés, ce qui ,sùrement, aurait été du plus mauvais effet auprés du Père Noèl!..... le bras replié au dessus de la précieuse missive pour préserver nos rêves secrets.

C'est secret une lettre au Père Noêl!!

- Voici le facteur, annonça ma mère.

Le facteur, un personnage haut en couleur et nécessaire à la vie du quartier. On l'appelait affectueusement Gastounet, diminutif de Gaston. Gastounet faisait ses tournées à pied préférant garer son vélo au coin de la rue.Une sacoche en gros cuir de vache, noire, lourde et débordante lui sciait l'épaule, il faisait étape dans chaque foyer et chaque fois  on lui offrait un petit remontant, oh! un doigt seulement.....

oui, il mettait du coeur à l'ouvrage Gastounet!

Il adressait avec sympathie un mot gentil, un mot d'espoir, prenant des nouvelles des "agés" du quartier, les diffusant  au quartier voisin,.... il apportait parfois des médicaments ou des courses urgentes......il faut savoir que les moyens de locomotion étaient peu développés, on ne dépassait guère les limites du quartier......ainsi Gastounet la" Gazette du jour"comme on l'appelait faisait le bonheur de tous et de ma mère, bavarde et curieuse de nouvelles.

 Ce jour là, Gastounet  receuillait les lettres au Père Noêl, il était le messager des étoiles et il le savait , aussi portait il trés haut son honorable casquette, ce jour là...... 

-N'oublie pas le sapin!.....ordonna ma mère à mon père

-bien sùr,bien sùr, ...... répondait mon père avec son calme impertubable et trés peu bavard de nature

Le sapin....mon père partait à la tombée du jour en grand secret, avec un complice, tous deux encapuchonnés, une hache à la main. Si l'on avait pas su ce qu'ils allaient faire, nous aurions pu croire à quelque action peu recommandable. Il ramenait un immense sapin, trés vert, trés fourni, qui devait toucher le plafond.....il le scellait dans un bac en bois construit la veille et à l'aide de cordes reliées au quatre coins du bac, il l'arrimait solidement....mon père, à l'accoutumé si soigné de sa personne n'était plus qu'une image bùcheronne, 

......il avait toute notre admiration d'enfants!......

Ma mère n'était jamais bien loin, elle arrivait, en grand mystère, petite et alerte, avec une boite en fer, imagée de "petits Lu" , vide, elle la portait à deux mains,  précieusement, comme on porte le St Graal.

Les "Petits Lu" étaient et sont encore des gateaux secs trés renommés, les quatre coins représentaient les quatre saisons, cinquante deux dents ornaient leurs pourtours, c'était les cinquante deux semaines de l'année, percés de vingt quatre trous pour représenter les vingt quatre heures du jour......regardez bien, et vous verrez...... Bref ils étaient pleins de petits bonheurs craquants et savoureux. ces petits gateaux..

Donc dans cette boite, vide, nous avions gardé et plié soigneusement, délicatement, durant toute l'année, le papier brillant qui recouvrait les tablettes de chocolat.....c'est ainsi que les noix, les oranges, sous nos doigts d'enfants se transformaient en boules précieuses d'argent....

.ma mère perchée sur une échelle en bois, grinçante et branlante, accrochait au sapin,  avec dextérité,  nos précieux trophés.

Au bas de l'échelle, quatre petits bras inquiets l' étreignaient avec ferveur pour l'empêcher de bouger...illusions bien dérisoire!

-N'oubliez pas vos chaussures, bien cirées, prés de la cheminée!.......elle pensait à tout notre mère...

Oui, il y avait une cheminée, petite comme un cagibi, on ne l'allumait jamais, son ouverture était cloturée par une plaque en métal pour éviter à l'air froid de grignoter l'air chaud. Ce jour là, uniquement,  on enlevait la plaque de métal pour s'assurer que le conduit n'était pas bouché, et que le Père Noêl pourraitdescendre sans encombre....

Le soir, emmitouflées sous nos couvertures, nous entendions des bruits suspects, des craquements, des sifflements,...  il devait se passer des choses trés mystérieuses là haut, nous étions trés  effrayées.....

Bientot,on ne vit dépasser des couvertures que quelques mèches ébourrifées ,..... vaincues par l'attente, nous nous étions endormies.

A minuit, réveillées joyeusement par les parents, alors qu'à la TSF, Tino Rossi roucoulait la chanson "Petit papa Noêl", nous nous précipitions vers la cheminée où  s'étalaient des "Père Noêl" en sucre ,bleus ,verts, rouges, et tout un tas de bonnes chose.....

..... les bras chargés et irrisés, les yeux étoilés, nous obliquions comme des pirouettes  vers notre plus beau sapin du monde !

Les boules dansantes et tournicotantes, les bougies allumées dans la pièce éteinte créaient des ombres de lumières multicolores, tels des feux follets, ces lutins facétieux folatraient joyeusement sur les murs et éveillaient de  leur mille reflets la crèche endormie dont nous avions modelé les sujets avec de la pàte à gateau faite par ma mère.

Tout était là...... les livres de la bibliothèque verte étaient là, Jane Eyre,  Eugénie Grandet, le Monde du Silence, ils allaient compléter ma collection.....ils ont survécus, ils sont prés de moi avec leurs cicatrices, pleins de charme avec la magie qu'ils exercaient sur mon àme d'enfant. Le poupon en plastique pour ma soeur souriait et tendait ses bras....le plastique venait de détroner le celluloid, trop inflammable.

l'époque industrielle prenait son essor.

Les regards attendris d'un père et d'une mère restent gravés à jamais dans nos coeurs 

P1090887

                                                         MICHELE

 

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Commentaires
L
des fêtes simples et vraies, comme beaucoup ont eu la chance de connaitre, c ' est ça les traditions, moi aussi, je recevais des livres.<br /> <br /> bisous et belles fêtes
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J
Bonjour Michèle,<br /> <br /> Ton récit m'a profondément touché car je revivais ma petite enfance. J'es avait la gorge serrée<br /> <br /> Merci du fond du coeur<br /> <br /> Je te souhaite de très bonnes fêtes de Noël avec toute ta famille<br /> <br /> Je t'embrasse<br /> <br /> Josiane
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J
Un grand merci Michèle pour ce conte d'autrefois que j'ai vécu.<br /> <br /> Tous les détails que tu racontes, je les revis et les revoie<br /> <br /> Il faut avoir vécu ces instants pour en apprécier la teneur.<br /> <br /> Et c'est le charme de ton récit qui nous renvoie à ses moments magiques, que nous revivons par la pensée. Je suis transporté des dizaines d'années en arrière.<br /> <br /> Merci encore pour cette réalité d'autrefois<br /> <br /> Bon lundi<br /> <br /> Bises<br /> <br /> PS: Où en es-tu de WORD ?
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D
merci Michèle pour ce beau texte en te lisant je revoyais aussi une partie de mon enfance et les déjeuners chez pépé et mémé avec tous les cousins!<br /> <br /> Belle journée<br /> <br /> Bisous
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M
les années aprés la guerre, la vie au contraire reprenait ses droits, les industries marchaient, il y avait du travail, ma vie était celle des gens moyens, et nous étions trés heureux et pas malheureux du tout, faut pas faire du misérabilisme...ce n’est pas mon propos, mais celui de conter la vie sociale à une époque par le biais de la vie familiale....non on vendait pas de sapin encore, on allait les couper.....le métier de facteur était considéré....le métier du tailleur était noble...ect....est on plus heureux aujourd’hui??....
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