CIRCONSTANCES ATTENUANTES

oeuvre de Klimt

Je veux vous parler du roman autobiographique d'Hervé Bazin , "vipère au poing", sorti en 1948 et qui connut un immense succés.....ou plutôt .je veux vous parler  du personnage deMe. Paule Rézeau, surnommée "Folcoche", je traduis ; "folle  cochonne",  surnom  que ses enfants lui ont attribué.

Me croirez vous? j'ai éprouvé de l'empathie pour cette personne.....je sais,.... je sais,......je sais....vous allez vous insurger....

En effet,Paule Rézeau a la terrible réputation d'une femme tyrannique, cruelle, dure, sans affect vis à vis de ses enfants, prenant un plaisir pervers à les faire souffrir.

Qu'en est il au juste? L'histoire se situe au XXè siècle où la condition féminine n'est guère enviable dans une société patriarcale bourgeoise où la femme était totalement niée!.... un meuble, une commode....que sais je encore...., son seul rôle était de procréer, de s'occuper du ménage, d'etre une bonne épouse, entièrement dépendante de l'homme.  Esclavage insidieux.

L'époque étant campée, je reviens vers le personnage de me. Rézeau,  issue d'une trés grande famille riche et  bourgeoise, elle passe 18 ans de sa jeunesse dans un pensionnat, où elle est astreinte à une obéissance stricte des religieux de l'époque, elle subit aussi  de nombreuses interventions chirurgicales.

 Une femme non mariée à l'àge de Paule était inconcevable et le déshonneur de la famille , ainsi  son père lui impose le mariage avec un homme faible et couard,  issu d'une famille bourgeoise, les Rézeau., elle a alors, 36 ans.

Elle sort donc du joug du pensionnat,  d'une tutelle familiale étouffante, pour vivre avec un homme qu'elle ne connait pas, qu'elle n'aime pas, qu'elle n'a nullement choisi, dont elle doit subir les assauts avec dégouts, et avoir des enfants non désirés,  vu que la pilule n'existait pas, vu que c'était un crime d'avorter....... Aujourd'hui, on appellerait cela du viol,  ou même de la maltraitance psychologique...et on l'accuse???? qu'auriez vous donc fait à sa place, pieds et poings liés!

oeuvre de Munch "les angoissés"

Pensez vous qu'elle était heureuse Paule Rézeau ??  non, ellen'a jamais connu le bonheur, et quand on a jamais connu le bonheur on ne sait pas l'offrir aux autres, c'est de bonne logique, l'opprimé devient l' oppresseur!

Cette mère dite cruelle est victime de forces supérieures et contre lesquelles ,elle ne peut rien, son impuissance à ne pouvoir se réaliser, à s'épanouir en tant qu'individu,  se traduit par une haine farouche envers ceux qui l'entoure.

Cependant,il y a  Marcel , son petit dernier qu'elle chouchoute, le petit Marcel est le fruit d'une passion adultère, c'est l'enfant de l'amour....l'amour qu'elle à choisit librement loin des contraintes sociales, loin de ses bourreaux,!

Me.Paule Rézeau est donc  capable d'aimer !  ce souvenir d'amour sera sa seule raison de vivre. Elle va rejeter tous ceux qui n'en font pas parti, c'est à dire son mari, ses enfants.

Ce souvenir d'une passion est la seule chose magnifique qui lui soit arrivé dans sa vie.! elle le défend becs et ongles ce souvenir,! .Il est sa liberté....il est son choix délibéré....il est sa vie conquise l'espace d'un moment et personne n'y touchera.....

oeuvre de schile "les amants"

Toute la souffrance psychologique non exprimée de cette femme m'a émue ,  c'est un mode sociétal qu'il faudrait accuser de maltraitance.

De là haut ,..... excusez moi Monsieur H. Bazin, trop jeune alors,  vous ne pouviez comprendre cette mère haineuse mais au fond je crois deviner que vous l'aimiez bien et qu'elle vous a manqué.

---------à bientôt------

                         MICJI

Comments

[J Claude]

Bonjour Michèle, un grand bravo pour cette plaidoirie, que j'ai lue attentivement. Parfaitement étayée. J'ai pas lu Vipère au poing, un manque à combler...

[Dominique Blonde]

Même les écrivains de nos jours ont un regard "paternaliste" ou idéalisé sur les femmes. Le personnage du roman de Marc Séguin "Nord Alice" duquel j'ai parlé dans mon blogue a ce regard balzacien sur la femme qu'il aime... Quand j'ai lu ce roman, cette idéalisation m'a laissé rêveuse. D'ailleurs, j'y fais allusion dans ma critique. Bonsoir Michèle.

[Dominique Blonde]

C'était aussi une femme entière qui ne connaissait pas le gris de la vie, ses manques affectifs se reflètent dans le noir ou le blanc, sans aucune nuance. Toute l'oeuvre de Balzac et des écrivains du 19e est faite de femmes contraintes au joug familial mais perçues autrement, ses femmes appartenant bien souvent à la grande bourgeoise provinciale. Il y aurait beaucoup à dire sur le regard des écrivains de ce siècle décrivant les femmes qui les entouraient. Sous leurs airs languides, elles étaient des femmes fortes et dignes...

[jeanpierreroses]

Si je ne l'ai pas fais déjà, je te souhaite une belle et heureuse année 2016.

Revenons à Hervé Bazin

Ton texte est formidable, il a le mérite d'être clair et sentimental

Je me pose la question: N'existe t-il pas encore des madame Rézeau?

Dans les campagnes où les femmes ne représentent rien !!

Et dans les villes les femmes au foyer soumises !!

Bien sur la législation n'est plus la même mais faut-il pouvoir s'en servir!!

Si l'on regarde les statistiques des femmes battues, violées ......

Il n'y a plus l'orphelinat, heureusement.

L'époque a changé mais en moindre nombre de violence. Mais elles existent encore les femmes soumises.

Pour conclure je te rejoins sur le fait que tu aimes cette femme



Bises.....JP

[dam72]

Je ne connaissais pas l'histoire de cette femme bine sur vu sous cet angle!

Bonne journée

bisous