HENRI DE TOULOUSE LAUTREC ET LE HANDICAP
" Quand je pense que je n'aurais jamais été peintre si mes jambes avaient été un peu plus longues" (Toulouse Lautrec)
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Henri de Toulouse Lautrec est issu d' une vieille famille noble occitane, noblesse campagnarde, provinciale enfermée dans des traditions chimériques.
Sa mère Adèle Tapié de Céleyran épouse, par amour, Alphonse de Toulouse Lautrec qui n'est autre que son cousin. De cette union le petit Henri voit le jour en 1864.
L'enfance du petit Henri est heureuse jusqu'à l'àge de 13 ans, lorsque les mèdecins décèlent en lui une maladie génétique, consenguine qui affecte le déve loppement osseux, "la pycnodisostose", de façon plus compréhensive "le nanisme". Les jambes et les bras restent extraordinairement courts par rapport à un buste normal, le visage ingrat, une élocution difficile.....
La vie et la carrière de Toulouse Lautrec vont être l'entière conséquence de ce handicap effroyable et qui a fait naitre en lui un besoin d'expression picturale d'une violence extrème.
Passionné de chevaux depuis l'enfance, et suite à deux chutes , il doit abandonner l'équitation, un terrible renoncement. Cependant, doué pour le dessin , il surmonte ce déchirement et se met à peindre sa passion des chevaux.
Mais son ami d'enfance, le peintre René Princeteau, connu alors, n'apprécie pas son coup de crayon et le lui dit, "votre peinture n'est pas mal mais votre dessin est tout bonnement atroce",..... nous sommes en 1882.
Lautrec se tourne vers les beaux Arts et se lie avec les impressionnistes, il admire Manet dont on ressent l'influence dans divers tableaux, il réalise le portrait de Van Gogh.
Portrait de Suzanne Valadon, elle fut le seul amour de Lautrec.
"la toilette"
Lautrec abandonne l'impressionnisme pour se tourner vers l'expressionnisme, avec Gauguin, Cézanne, Munch.....ce genre pictural représente pour lui l'expression de l'intériorité de la conscience, style véhément fondé sur les déformations volontaires de la nature, inquiétude angoisse.....il se rapproche ainsi de sa recherche, d'ailleurs il dit ,
" je ne suis d'aucune école, je travaille dans mon coin".
Lautrec choisit sa propre technique, se libérant de l'académisme, d'une fausse morale,.... il cherche ses thèmes dans des scènes populaires, dans le quotidien réalité.
Il s'installe à Montmartre en 1884, les cabarets, les maisons closes, les bals vont le happer dans un tourbillon frénétique.Lautrec boit beaucoup, Lautrec peint beaucoup, notamment des prostitués qu'il considère comme des modèles idéaux, nues ou à demi nues , leurs mouvements, leurs expressions restent vrais dit il.......
.Lautrec va au bordel par nécessité, atteint de "priaprisme", maladie invalidente et douloureuse, il trouve là, affection véritable, chaleur humaine, compréhension, sans idée de voyeurisme.
Au delà de sa souffrance morale Lautrec regarde, Lautrec observe, Lautrec travaille, Lautrec persèvère....il sent en lui cette misère qui s'exprime sous ses pinceaux,
"Les réjouissances des pauvres sont pires que leurs misères" (Lautrec)
Lautrec se fait un nom dans les milieux artistiques, .....en 1890 il innove une technique nouvelle dont il fera un Art," la lithographie", un Art de l'image publicitaire qui prend de l'impulsion grace à l'avancée technique de l'impression et de la couleur, et un meilleur emplacement des panneaux publicitaires.
Ses affiches sont mondialement connues et appréciées
Toulouse Lautrec se réfugie de plus en plus dans la débauche, l'alcool, l'absinthe. Souffrant de plusieurs attaques nerveuses qui le paralysent progressivement, il est enfermé en maison de santé en 1899. Il s'éteint le 9 Sept 1901, il a 37 ans. Son oeuvre est immense.
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Aujourd'hui,si son nom est au panthéon, dans son temps il était loin de faire l'unanimité, souvent diffamé, calomnié, rejeté, un journaliste cependant écrit: "un qui a un nom de Dieu de culot, mille pelochons c'est Lautrec...ni son dessin, ni sa couleur ne font de simagrés....y en a pas deux comme lui pour piger la trombine des capitalos gogos attablés avec des fillasses à la coule qui leur lèche le museau....c'est épatant de toupet ,de volonté, de rosserie et ça bouche un coin aux gourdiflots qui voudraient becqueter que de la pàte à guimauve..."
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encore cet article dans "le journal de Paris:"il eut tout loisir de se consacrer à l'observation du monde. Ce qu'il vit n'est pas trés flatteur pour la fin de siècle dont il fut le peintre authentique......il se contenta de regarder et contrairement à bien d'autres, il ne vit pas ce que nous semblons être mais ce que nous sommes.!"
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L'histoire cruelle de Toulouse Lautrec nous renvoie à celle de la marginalité, de l'exclusion, car pour s'imposer et vivre ses différences, oublier son infirmité, son désespoir caché, il faut bousculer les idées reçues,ce fut le véritable combat de Lautrec, un homme d'humour qui dit:" je boirai du lait quand les vaches brouteront le raisin",
........l'identité et l'image de soi se construisent dans le dépassement de soi.......
Si un jour vous passez dans cette belle Occitanie, faites un détour à Albi (tarn), visiter le Musée TOULOUSE LECLERC.
------à bientôt------
MICJI